Moi enfant, massage mollets douloureux le soir avant de m'endormir.
Devant Maigret (version Bruno Cremer) TV, elle s'endort, le chien devant le feu de cheminée, papa est mort, mon neveu devant son ordi en haut dans sa chambre.
Bouquet de fleurs, que je lui offre dès 6 ans avec la totalité de mes sous. Un couple d'anciens jardinier les vendent juste en face de l'immeuble. Ils font les
bouquets à la "tête du client", et moi, encore "beau" et souriant, ils m'adorent.
Les profiteroles au chocolat qu'elle confectionne les dimanche (après la poule au pot, riz, sauce blanche-champignons). Gâteau au moka pour mes anniv.
Marseille, moi presque adulte, la gare, elle vient me chercher en voiture, roule et ne regarde plus la route tandis qu'elle me raconte ...
Elle tricote. J'appréhende toujours le pull que je vais devoir porter.
Elle, jeune, reine d'une ville, Picardie, et ses briques rouges.
Sa grand-mère et un "château" mystérieux
Sa maman, que je découvre tard, dans sa maison en tôles ondulées d'après bombardement d'Amiens. Le provisoire qui persiste toute sa vie restante.
Odeur d'une rose, et d'un champ de lavande à Grasse.
Les CD que je lui offre, accrochés à un arbre fruitier pour effrayer les oiseaux-voleurs.
Mon papa "AVCdé" à répétition perd la tête. Les WEs c'est comme la guerre - la sienne une Indochine qui perturbe son présent - quand il veut s'échapper, nous
insulte, nous crache dessus ... maman tient toujours la barre dans toutes les tempêtes. La semaine, je pleure. J'ai peur. Mais maman est encore là ...
Un dernier regard échangé, à Caen. Je ressens sa détresse, une frayeur. Depuis, cela ne me quitte plus.
"La bicyclette" avec dessus la fille du facteur, chantée par Yves Montand
Moi enfant, sur ses épaules au défilé du 14juillet.
Une plombe devant un tableau, musée
Quand il travaille : radio, FIP ou "les grosses têtes". Moi à ses côtés, dans ce sous-sol éclairé aux néons toutes nos journées de presque "mineurs", dans les
vapeurs d'essence ordinaire (technique couleurs "huile" du moment) j'en bave, mais je partage quelques rires ...
le petit doigt dressé quand il dessine, ou peint = extraterrestre (voir série US "les envahisseurs" avec David Vincent qui les fait disparaître) ?
Il me parle de Picasso, qui "hésite" dans le film de Clouzot. ça lui fait plaisir, ce doute du "génie".
Lui et moi, "en tournée" commerciale, le sud et, nous passons Valence, il me parle du bleu du ciel, des bleus.
Un pneu crevé sur l'autoroute à pleine vitesse, il garde son sans-froid. Rien de grave. Mon papa est ... mon idole ?
Poliakov, Braque, Cézanne, Art d'extrême-Orient, ou d'Amérique du sud, aztèque.
Le compteur de la DS au-dessus de 180 km/h, moi derrière, entre soeur et frère.
En route vers ST-Jean de Mont. Sur une ère d'autoroute, mort du chien Fifi. Il pleure ?
Pendant le tour de France, à chaque étape chaque matin, il achète le journal l'Equipe et m'offre un journal BD au choix.
Pour faire comme papa, vers 5 ans, je signe avec des prix sur mes dessins, en gros. Dans la tête, LE projet d'acheter "tintin sur la lune". Il complète d'un
billet ("Pasteur"?) la somme.
Mon père, coulé avec son porte-avion l'Arromanche, regarde ses tableaux aux murs. Je lui parle des "bleus", et plus précisément du bleu de Prusse. Je veux qu'il
refasse surface. Je le veux tellement ... Partager, une seule fois dans nos 2 vies, sur notre passion commune, brûlante, définitive ...